Les déterminismes sociaux dans les romans noirs

Lu dans Il y aurait la petite histoire de Elsa Jonquet-Kornberg (Paris : Éditions Inculte. – 2022)

« Les romans de l'écrivain étaient sombres, les personnages y subissaient les pires atrocités. Ils allaient et venaient un temps, puis l'étau se resserrait, les marges de manœuvre diminuaient, les possibilités se trouvaient rapidement circonscrites, et ils étaient subitement projetés à la rencontre de l'horreur. Encerclés. Les bourreaux eux-mêmes, dans les livres de l'écri-vain, semblaient faits comme des rats. Cela s'appelait la fatalité. Cela, selon l'écrivain, s'appelait aussi les « déterminismes sociaux ». Souvent, toutes les composantes de la société étaient représentées : ainsi c'est toute la société qui abritait et nourrissait de son lait amer les atrocités qui se commettaient en son sein. » (p. 23) 

Les repas servis sur les vols d’Air Canada vs ceux d’Air France


Lu aussi dans Domaine Lilium de Michael Blum (Montréal : Héliotrope. – 2023)

« Les repas d'Air Canada ne valaient pas ceux d'Air France: le poulet, sec comme du carton, n'avait aucun goût, à l'instar des pommes de terre qui l'accompagnaient, l'entrée n'était pas identifiable et le brownie servi comme dessert n'était qu'une imposture. » (p. 162)

Le comportement des Québécois et des Français dans un aéroport


Lu dans Domaine Lilium de Michael Blum (Montréal : Héliotrope. – 2023)

« …facile de distinguer les Québécois des Français, les uns nonchalants et tranquilles, les autres bruyants et sûrs d'eux… » (p. 160)

Dans la fange de l’ignorance


Lu aussi dans Les Agneaux de l’Aube de Steve Laflamme (Montréal : Libre expression. – 2023)

« Dans la fange de l'ignorance ne peuvent proliférer que les émotions. Et quand on agit sous le coup de l'émotion plutôt qu'éclairé par la raison, on fait des conneries. Noyez-vous dans la connaissance : tout est là, au bout de vos doigts. Plongez, sans modération. Faites-en bon usage. Tout est à votre disposition […]. L'essentiel, c'est d'en trouver l'accès. » (p. 122)

La revanche des cancres


Lu dans Les Agneaux de l’Aube de Steve Laflamme (Montréal : Libre expression. – 2023)

« Le savoir est objectif […] et la société dans laquelle vous et moi vivons est parasitée par l'intrusion de l'opinion dans le factuel. Le monde autour de vous érige de plus en plus l'opinion au rang des faits, sans distinction entre les deux, et les plus naïfs - les moins savants - gobent ces idées, si elles en sont. C'est la revanche des cancres. » (p. 121)



L’historien autoédité vu par un libraire

Lu aussi dans Petit traité du lecteur de Shaun Bythell  (Paris : Éditions Autrement. – 2021)

« Le seul [auteur autoédité] à ne pas susciter l'effroi des libraires est l'historien régional. Chez lui, la passion n'a d'égale que l'humilité. Il entre en général dans la boutique discrètement, avec un noble sentiment d'embarras, et finit par avouer qu'il a passé plusieurs années à faire des recherches sur l'histoire d'une base de la Royal Air Force dans la région, ou sur les noms gravés des pierres tombales de tous les cimetières locaux. Il demande alors en marmonnant si, par hasard, [il n’aurait] pas la possibilité de mettre en vente deux ou trois exemplaires de son livre […]. Voilà quelqu'un qui s'est engagé dans un dur labeur, a fait de longues recherches et publié un matériau dont les générations futures lui seront reconnaissantes. Il s'est parfois entretenu avec des personnes aujourd'hui décédées dont il a enregistré les propos : sans ses efforts, des informations historiques de première main seraient perdues. Et ce n'est pas tout : ce sont des livres qui se vendent. Pas en bien grand nombre, évidemment, mais un tirage de cinq cents exemplaires… » (pp. 74-75) 

L’auteur autoédité vu par un libraire

Lu dans Petit traité du lecteur de Shaun Bythell  (Paris : Éditions Autrement. – 2021)

« Mais, si l'autoédition a ouvert la voie à certaines des personnalités les plus respectées de la littérature, elle a également ouvert les vannes à quantité de nabots littéraires dont beaucoup, ne disposant pas du service marketing, de la machinerie promotionnelle et des réseaux de distribution d'un grand éditeur, n'ont d'autre choix que de jouer eux-mêmes tous ces rôles. Ils se croient donc en devoir de faire le tour des librairies et d'excéder les libraires, qui n'ont pas la moindre intention de vendre leur livre mais finissent par accepter, bien à contrecœur, d'en prendre à tout hasard trois exemplaires, dans le seul but de voir enfin ce fâcheux sortir de leur boutique. C'est une guerre d'usure dans laquelle l'auteur, injustement armé d'une grande abondance de temps et de la sombre détermination des retraités, est capable de se frayer un chemin en un éclair à travers votre ligne Maginot. » (p. 71)