Lu
dans La Grande Débandade de Pierre
Tourangeau (Montréal : Québec Amérique. – 2022)
« Dès que je franchis les murs de la vieille
ville, je suis assailli comme chaque fois par sa beauté, par ce macramé de
camaïeu gris et noir à peine égratigné par le temps, qui sert de façade à une
improbable nation. On y marche et on y vit à l'abri des tempêtes comme dans un
havre que le vent n'ébranle pas, une tanière qui nous garde au chaud alors même
que tout autour n'est que bourrasques et froidure. Québec est un refuge, un
fort où la question de l'identité ne se posera jamais, elle est notre identité,
peu importe ce qui restera de nous dans cent, deux cents, mille ans. Il se
dégage de ses murs un calme si grand, une telle sérénité suinte de ses moellons
que l'avenir n'a aucune prise sur elle. Québec est construite sur la nostalgie
d'une époque qui n'a jamais existé, le deuil d'un âge où la mère patrie ne l'a
pas laissée pour morte sur une terre hostile. » (p. 112)
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