« À la fin du jour, la lumière se fait rare
dans le scriptorium. Nous labeurons comme des ombres parmi les ombres,
capuchons relevé. Parfois je m’arrête le temps d’écouter le grattement des
plumes sur le vélin en tentant d’imaginer les oiseaux auxquels on a arraché ces
pennes et les veaux morts dans le ventre de la vache, écorchés pour qu’on
puisse écrire sur leur peau, et je m’étonne que de tant de mort puisse jaillir
quelque chose qui ressemble à la vie. Devant moi, sur la surface blanche, les
lettres apparaissent une à une, comme des poissons ramenés des profondeurs. »
(p. 116)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire