« Le gouvernement est devenu une simple
administration. Il gère le pays, il ne le dirige plus. Il veille à ce que les
enseignants soient payés à temps et que le tout-à-l'égout ne déborde pas, mais
il n'a pas la moindre idée de la situation du pays dans vingt ans. » (p.
405)
Ce qu’est devenu le gouvernement
Lu
aussi dans Homo deus – Une brève histoire
du futur de Yuval Noah Harari (Paris : Albin Michel, 2017)
Les algorithmes électroniques et le sort des archivistes
Lu
aussi dans Homo deus – Une brève histoire
du futur de Yuval Noah Harari (Paris : Albin Michel, 2017)
« En septembre 2013, deux chercheurs d'Oxford,
Carl Benedikt Frey et Michael A. Osborne, publièrent une étude sur «l'avenir de
l'emploi », où ils examinaient la probabilité que différentes professions soient
reprises par des algorithmes informatiques au cours des vingt prochaines
années. L'algorithme mis au point par Frey et Osbone pour faire leurs calculs
estimait à 47 % la part des emplois américains très exposés. Par exemple, il
est probable à 99 % qu’en 2033 les télémarketeurs et les courtiers d’assurance
perdront leur emploi au profit des algorithmes; (…) 76 % pour les archivistes (…). »
(p. 350-351)
Les algorithmes électroniques et le sort des avocats et des détectives
Lu
dans Homo deus – Une brève histoire du
futur de Yuval Noah Harari (Paris : Albin Michel, 2017)
« Les films et les séries télé [les polars
et les thrillers] donnent l’impression que
les avocats passent leurs journées au tribunal à crier «Objection ! » et à
prononcer des discours véhéments. La plupart des avocats ordinaires passent
pourtant leur temps à éplucher des dossiers interminables, à rechercher des
précédents, des failles et de minuscules éléments de preuve potentiellement
pertinents. Les uns sont occupés à essayer d'imaginer ce qui est arrivé la nuit
où monsieur X a été assassiné ou à élaborer un contrat commercial qui protégera
leur client contre toute éventualité. Quel sera le sort de tous ces avocats le
jour où des algorithmes sophistiqués pourront repérer davantage de précédents
en un jour qu'un homme ne peut le faire de toute sa vie, et qu'il suffira
d'appuyer sur un bouton pour qu'un scan du cerveau révèle mensonges et
tromperies? Même des avocats et des détectives chevronnés ne sauraient repérer
la duplicité à l'intonation ou aux expressions du visage. (p. 347)
Le terreau du mal
Lu aussi dans Le chant de l’assassin de R. J. Ellory (Paris : Sonatine Éditions, 2019)
« On a souvent dit que le mal n’a pas besoin
d’autre terreau pour prospérer que le silence et l’inaction des gens de bien. »
(p. 319)
Les effets de la guerre
Lu aussi
dans Le chant de l’assassin de R. J.
Ellory (Paris : Sonatine Éditions, 2019)
« La guerre vous change un homme. Elle change
ses yeux, son esprit, son cœur, son âme. Elle lui impose l’expérience de l’éphémère
et de la vulnérabilité. Elle lui montre les failles dans le grand dessein, et
remet en question sa croyance en Dieu. Souvent elle en sape les fondements. » (p. 179)
Ceux qui ont la chance d’être beaux et ceux qui n’en sont pas conscients
Lu aussi
dans Le chant de l’assassin de R. J.
Ellory (Paris : Sonatine Éditions, 2019)
« La beauté donne une autre couleur à la vie,
des privilèges que ceux qui ne l’ont pas reçue en partage ne soupçonnent pas.
La beauté ouvre les portes, allège les pressions, efface les soucis, pourvoit aux
besoins. Elle aplanie les obstacles, rend le chemin de la vie moins dangereux.
Ceux qui ont la chance d’être beaux n’imaginent pas ce que signifie être quelconque,
noyé dans la masse, transparent. Ceux d’après qui la beauté est une malédiction
sont toujours beaux et vivent dans un monde radicalement différent.
À côté de cette beauté affirmée, affichée, il
en est une autre, celle qui s’ignore. Plus mystérieux encore et plus séduisants,
peut-être aussi plus dangereux, sont ceux qui ne sont pas conscients de l’effet
qu’ils produisent. » (p.
97)
De la causalité des événements
Lu aussi dans Le chant de l’assassin de R. J. Ellory (Paris : Sonatine Éditions, 2019)
« Henry pensait que les gens se répartissaient en deux catégories : ceux qui en voulaient à la terre entière de ce qui leur arrivait et ceux qui n’en voulaient qu’à eux-mêmes. » (p. 51)
Ce que pensent les gens et la réalité
Lu dans Le chant de l’assassin de R. J. Ellory (Paris : Sonatine Éditions, 2019)
« Les gens inclinent toujours à penser ce qui leur plaît, et ce qu’ils pensent n’a le plus souvent aucun rapport avec la réalité. » (p. 16)
La portée réelle de la mort pour un enfant
Lu aussi dans Watership Down de Richard Adams (Bordeaux : Monsieur Toussaint Louverture, 2016)
« Quand on dit pour la première fois à un
enfant que quelqu’un qu’il connaît vient de mourir, il lui arrive, sans pour
autant mettre en doute cette information, de ne pas en saisir la portée réelle
et de demander plus tard, parfois à plusieurs reprises, où est passée cette personne
et quand il la reverra. » (p. 271)
Les hommes pensent que… mais en fin de compte
Lu aussi dans Watership Down de Richard Adams (Bordeaux : Monsieur Toussaint Louverture, 2016)
« Les hommes pensent que si l’automne donne
beaucoup de noix, l’hiver sera froid. Ce qui, en fin de compte, ne s’avère que
rarement vrai. » (p.
215)
Nos véritables besoins
Lu aussi dans Watership Down de Richard Adams (Bordeaux : Monsieur Toussaint Louverture, 2016)
« On ne peut vivre sans eau, mais on peut se passer
de cascades » (p.
201)
Vivace comme les mauvaises herbes
Lu aussi dans Watership Down de Richard Adams (Bordeaux : Monsieur Toussaint Louverture, 2016)
« Une créature sauvage qui cherche sa
nourriture dans les champs et se préoccupe avant tout de sa survie est aussi vivace
que les mauvaises herbes. » (p. 197)
Deviner quoi que ce soit d’un lieu inconnu
Lu aussi dans Watership Down de Richard Adams (Bordeaux : Monsieur Toussaint Louverture, 2016)
« Hormis certains aveugles, les hommes sont
souvent incapables de deviner quoi que ce soit d’un lieu inconnu où ils ne
voient rien. » (p.
95)
Les nuées lugubres de l’angoisse et de la crainte
Lu dans Watership Down de Richard Adams (Bordeaux : Monsieur Toussaint Louverture, 2016)
« Voir s’achever le temps de l’angoisse et de
la crainte ! Voir se lever puis se dissoudre les nuées lugubres suspendues
au-dessus de nous – ces sombres nuages qui attristent le cœur et réduisent le
bonheur à un vague souvenir ! Rares sont les êtres qui n’ont jamais éprouvée cette joie-là.
» (p.
79)
Clin d’œil aux auteurs de polars
Lu dans
Amour Police et Morgue Les aventures de
Jim Longpré, détective privé de Jean-Maurice Laporte (Montréal, Les
Éditions de l’Homme, 1961)
« Il y a des cocos de génie qui vous pondent
des romans de trois cent pages, épais comme une brique, et qui se font une joie
de vous dire au commencement de leurs histoires que c’est fictif d’un bout à l’autre,
qu’il n’y a rien de réel là-dedans et que si ça ressemble à la vie de tous les
jours, c’est tout simplement une pure coïncidence. Du chiqué, du bluff, du
truqué par conséquent. » (p. 9)
L’amour et la fascination du travail de romancier
Lu dans
Le contrat de Donald Westlake (Paris,
Rivages/Thriller, 2000)
« Tel avait été le premier élément de l’amour
et de la fascination que le travail du romancier exerçait sur lui, ce
déplacement lent mais irrésistible dans l’histoire, trouver l’histoire, en découvrir chaque péripétie,
chaque pas en avant. C’était un dédale, chaque fois, un labyrinthe qu’on
construisait et résolvait dans le même instant, lorsqu’on trouvait cette péripétie,
puis la suivante et la suivante. » (p. 19)
Parmi les talents, le choix de la multitude
Lu dans Monstre sacré de Donald Westlake (Paris, Rivages/Thriller, 2011)
« Dans la réserve de talents qui existent de
par le monde, la multitude choisit immanquablement l’individu précis, ou le
petit groupe de personnes, qui incarnent l’éthos de l’époque, sa quintessence,
son esprit et ses forces vitales. » (p. 170)
Le temps qui nous rapproche du silence
Lu aussi dans La liste de mes envies de Grégoire Delacourt (Paris, JC Lattès, 2012)
« J’ai vu ces années sur son visage, j’ai vu
le temps qui nous éloigne de nos rêves et nous rapproche du silence. » (p. 355)
Tout pour être un bon écrivain
Lu dans Par le feu de Marie-Ève Bourassa (Montréal : VLB, 2013)
« Dire que j’ai pourtant tout pour être un bon
écrivain : une propension pour l’alcool, une dépendance à la marijuana, un
cœur d’artichaut, une histoire triste, un spleen assez fidèle, un cahier et un
crayon. Pas d’ordinateur. » (p. 11)
Un présent qui dure six minutes
Lu dans
La liste de mes envies de Grégoire
Delacourt (Paris, JC Lattès, 2012)
« Depuis son accident, [papa] est dans le présent. Il n’a plus de passé,
pas de futur. Il est dans un présent qui dure six minutes et toutes les six
minutes, le compteur de sa mémoire retombe à zéro. Toutes les six minutes il me
demande mon prénom. Toutes les six minutes il me demande quel jour on est. Toutes
les six minutes il demande si maman va arriver. » (p. 44)
Être capable de citer des titres aussi facilement que des marques de biscuits
Lu dans La place de Annie Ernaux (Paris : Gallimard (Folio), 1983)
« Un dimanche après la messe, j’avais douze ans, avec mon père j’ai monté le grand escalier de la mairie. On a cherché la porte de la bibliothèque municipale. Jamais nous n’y étions allés. Je m’en faisais une fête. On n’entendait aucun bruit derrière la porte. Mon père l’a poussée, toutefois. C’était silencieux, plus encore qu’à l’église, le parquet craquait et surtout cette odeur étrange, vieille. Deux hommes nous regardaient venir depuis un comptoir très haut barrant l’accès aux rayons. Mon père m’a laissé demander : « On voudrait emprunter des livres. » L’un des hommes aussitôt : « Qu’est-ce que vous voulez comme livres ? » À la maison, on n’avait pas pensé qu’il fallait savoir d’avance ce qu’on voulait, être capable de citer des titres aussi facilement que des marques de biscuits. » (pp. 111-112)
Si l’on est d’un pays, « natif-natal »
Lu aussi dans Petit pays de Gaël Faye (Paris : Grasset, 2016)
« Si l’on est d’un pays, si l’on y est né,
comme qui dirait : natif-natal, eh bien, on l’a dans les yeux, la peau,
les mains, avec la chevelure de ses arbres, la chair de sa terre, les os de ses
pierres, le sang de ses rivières, son ciel, sa saveur, ses hommes et ses
femmes. » (p. 213)
Un livre peut changer ta vie
Lu aussi dans Petit pays de Gaël Faye (Paris : Grasset, 2016)
« [Les
livres] m’ont changée, ont fait de moi
une autre personne.
– Un livre peut nous
changer ?– Bien sûr, un livre peut te changer ! Et même changer ta vie. Comme un coup de foudre. Et on ne peut pas savoir quand la rencontre aura lieu. Il fait se méfier des livres, ce sont des génies endormis. » (p. 169)
De l’influence des livres
Lu
dans Petit pays de Gaël Faye (Paris :
Grasset, 2016)
– Oui. Certains plusieurs fois même. Ce sont les grands amours de ma vie. Ils me font rire, pleurer, douter, réfléchir. Ils me permettent de m’échapper. » (pp. 168-169)
« Un après-midi, j’ai croisé par hasard Mme
Economopoulos devant sa haie de bougainvilliers. On a échangé quelques mots sur
la saison des pluies et le beau temps, puis elle m’a invité à entrer dans sa
maison pour m’offrir un verre de jus de barbadine. Dans son grand salon, mon
regard a tout de suite été attiré par la bibliothèque lambrissée qui couvrait
entièrement un des murs de la pièce. Je n’avais jamais vu autant de livres en
un seul lieu. Du sol au plafond.
– Vous avez lu tous
ces livres ? j’ai demandé.– Oui. Certains plusieurs fois même. Ce sont les grands amours de ma vie. Ils me font rire, pleurer, douter, réfléchir. Ils me permettent de m’échapper. » (pp. 168-169)
La vie, une aventure incertaine
Lu
aussi dans Le tableau du maître flamand de
Arturo Pérez-Reverte (Paris : J.-C.
Lattès (Livre de poche 7625), 1993)
« La
vie est une aventure incertaine dans un paysage diffus aux limites en perpétuel
mouvement, où les frontières sont toutes artificielles; où tout peut s’achever
et recommencer à chaque instant, ou prendre fin subitement, comme par un coup
de hache inattendu, à tout jamais. Où la seule réalité absolue, compacte,
indiscutable et définitive est la mort. Où nous ne sommes qu’un petit éclair
entre deux nuits éternelles […] où
nous n’avons que bien peu de temps. » (p. 316)
La complexité du monde
Lu
aussi dans Le tableau du maître flamand de
Arturo Pérez-Reverte (Paris : J.-C.
Lattès (Livre de poche 7625), 1993)
« Le
monde n’est pas aussi simple qu’on voudrait nous le faire croire. Ses contours
sont imprécis, les nuances comptent. Rien n’est noir, rien n’est blanc; le mal
peut être le déguisement du rien ou de la beauté, et inversement, sans que l’un
n’exclue l’autre. Un être humain peut aimer et trahir la personne aimée, sans
que son sentiment en perde sa réalité. On peut être père, frère, fils et amant
tout à la fois; victime et bourreau… » (p. 316)
Impossible, improbable mais vrai
Lu dans Le tableau du maître flamand de Arturo Pérez-Reverte (Paris : J.-C. Lattès (Livre de poche 7625), 1993)
« …lorsqu’on élimine l’impossible, ce qui
reste, pour improbable qu’il puisse paraître, doit nécessairement être vrai
» (p. 308)
De l’influence de certains livres biens choisis
Lu aussi dans Barcelone brûle de Mathieu David (Paris : Gallimard, 2018)
« Certains livres bien choisis ont une influence décisive sur la vie. Leurs phrases cavalières charment l’esprit, le lecteur est emporté : il se fait chevalier. » (p. 37)
L’héroïsme des Barcelonais admiré dans toute l’Europe en 1714
Lu aussi dans Barcelone brûle de Mathieu David (Paris : Gallimard, 2018)
« Voltaire écrivait dans le Siècle de
Louis XIV : « Ils arborèrent
sur la brèche un drapeau noir et soutinrent plus d’un assaut. Enfin les assiégeants
ayant pénétré, les assiégés se battirent encore de rue en rue… » » (p.
31)
Barcelone, entre le Tibidabo et les données climatiques du moment
Lu dans Barcelone brûle de Mathieu David (Paris : Gallimard, 2018)
« Barcelone grimpe vers l’intérieur sur les flancs de la cordillère de Collserola et se baigne au levant dans la Méditerranée. Le mont dominant l’arène se nomme Tibidabo : « je te donnerai », en latin, en souvenir du piège tendu par le Diable à Jésus, l’invitant à contempler, du haut de ses 512 mètres, les royaumes de ce monde : « Je te donnerai tout cela si tu tombes prosterné devant moi. » Le climat est si doux qu’en plein hiver on sent déjà sur les joues la promesse renouvelée des beaux jours. L’été est tempéré par la mer, et le soleil a la faveur du ciel, même si, parfois, il y a de fortes pluies qui ne durent pas. La neige tombe une fois l’an ou pas du tout. Bien que Barcelone ne soit pas une ville venteuse, elle est balayée en été par le marin. Ces données climatiques ne seront plus d’actualité au siècle prochain. » (p. 23)
Toutes sortes de trucs derrière les bouquins
Lu aussi dans En attendant le jour de Michael Connelly (Paris : Calmann Lévy, 2019)
« Le mec se croyait sûrement malin d’avoir
planqué ses flingues derrière les livres sur ses étagères, mais moi, je
commence toujours par virer les bouquins des étagères. Je les jette par terre,
voilà. Les gens planquent toutes sortes de trucs derrière leurs bouquins. (p.
355)
Une sculpture de livres en forme de vagues
Lu
dans En attendant le jour de Michael
Connelly (Paris : Calmann Lévy, 2019)
« Elle y entra prudemment et tomba
effectivement sur une gigantesque librairie installée dans un espace qui
semblait avoir jadis servie d’entrée somptueuse à une banque. Il y avait là des
rangées et des rangées de rayonnages entre des colonnes de style corinthien
montant sur deux étages jusqu’à un plafond à caissons ornés. Sur un mur était
accrochée une sculpture de livres en format de vague » (p. 324)
Les héros qui n’en font qu’à leur tête
Lu dans Le paravent de laque (Robert Van Gulik. –
Paris : Union générale d’édition, 1997) :
« Le plus difficile est d’interdire à mes héros d’en faire trop à leur tête. Certains de mes personnages s’emparent tellement de mon esprit que je suis tenté de les laisser faire des choses qui n’ont aucun rapport direct ou indirect avec l’action, ce qui ne convient évidemment pas au genre policier. » (page 237)
« Le plus difficile est d’interdire à mes héros d’en faire trop à leur tête. Certains de mes personnages s’emparent tellement de mon esprit que je suis tenté de les laisser faire des choses qui n’ont aucun rapport direct ou indirect avec l’action, ce qui ne convient évidemment pas au genre policier. » (page 237)
Ce que sont les guerres
Lu dans Par-delà la pluie (Víctor del Árbol. – Arles : Actes Sud, 2019) :
« Simon ne savait qu'une chose, c'était que la
guerre met la condition humaine en suspens.
Un jour, il avait essayé de
l'expliquer à son petit-fils Raul, étudiant, qui parfois le soumettait à une
sorte d'interview en vue d’une thèse de doctorat sur la mémoire collective:
" La première chose que tu dois savoir, c'est que les guerres ne sont
qu'un début. Cinq minutes après le premier coup de feu, le reste n'a plus d'importance.
Soudain, des gens qui ont vécu en paix, de façon civilisée, se déchiquettent,
volent, assassinent, incendient, violent. À la guerre, nous pouvons mordre,
détruire, outrepasser les limites et tout sera justifié par l'existence d'un
ennemi. À une seule condition, de réintégrer notre tanière quand le maître nous
siffle, ayant considéré que l'incident était clos. Alors, il faut appliquer le
cataplasme de la justification et de l'excuse face à nos atrocités,
reconstruire ce qui a été détruit, éteindre les incendies, renvoyer les morts
dans les catacombes, oublier, ou faire semblant ". » (page 265)
Les gens ne veulent plus lire
Lu
dans L’autre de Marta Rojals (Arles :
Actes Sud/Jacqueline Chambon, 2016)
« Les gens ne veulent plus lire, les gens
regardent des séries; il faut que ça soit comme un scénario de de série,
apocalyptique et trépidant. […] le futur romancier lui expliquait que le public
voulait des histoires de dépassement personnel, de force intérieure, qu’il se
laisserait peut être conseiller par tel ou tel camarade qui faisait des billets
de dernière page dans le journal » (p. 19)
La douleur d’écrire
Lu aussi dans Les âmes grises (Trilogie de l’homme devant la guerre) de Philippe Claudel (Paris : Livre de poche, 2015)
« C’est douloureux écrire. Je m’en rends
compte depuis des pois que je m’y suis mis. Ça fait mal à la main, et à l’âme.
L’homme n’est pas fait pour ce travail, et puis à quoi ça sert ? À quoi ça me
sert ? » (p. 212)
Écrire, c'est tout
Lu
aussi dans Les âmes grises (Trilogie de l’homme devant la guerre)de Philippe Claudel (Paris : Livre de poche, 2015)
« À quoi sert tout ce que j’écris, ces lignes
serrées comme des oies en hiver et ces mots que je couds en n’y voyant rien ?
Les jours passent, et je vais à ma table. Je ne peux pas dire que ça me plaise,
je ne peux pas dire non plus que ça me déplaise. […] Je n’ai pas envie de relire. J’écris. C’est tout. C’est un peu comme si
je me parlais à moi-même. Je me fais la conversation d’un autre temps. J’entrepose
des portraits. Je fossoie sans me salir les mains. » (pp. 85-86)
Regarder le temps passer
Lu aussi dans Les âmes grises (Trilogie de l’homme devant la guerre)de Philippe Claudel (Paris : Livre de poche, 2015)
Il « aimait le temps au point de le regarder passer et de ne rien faire d’autre parfois que d’être derrière une fenêtre, sur une chaise longue en rotin, ou bien sur le banc qui surplombait, grâce à une petite butte artificielle que les printemps couvraient d’anémones et de pervenches, les eaux pleines de langueur de la Guerlante, et celles plus pressées du petit canal. » (p. 53)
Prendre une place dans la vie du lecteur
Lu aussi dans Les âmes grises (Trilogie de l’homme devant la guerre)de Philippe Claudel (Paris : Livre de poche, 2015)
« … car on écrit bien entendu uniquement dans l’espérance d’être lu, et aimé, et dans le désir de venir quelques instants, ou un peu plus longtemps, prendre une place dans la vie du lecteur et demeurer en lui, d’une façon ou une autre. » (p. 17)
L’outil d’un romancier
Lu dans Les âmes grises (Trilogie de l’homme devant la guerre) de Philippe Claudel (Paris : Livre de poche, 2015)
«
Car un romancier est toujours quelqu’un
qui, en plus d’utiliser un outil, s’interroge sans cesse sur son outil. La
forme du roman, les mots choisis pour le construire font l’objet d’une remise
en cause perpétuelle et d’une remise en question. » (p. 13)
La valeur des objets
Lu
aussi dans Les fils de la poussière
de Arnaldur Indridason (Paris : Métaillé, 2018)
« Les photos ne font plus le poids face à tous ces films, ces jeux vidéo, ces cassettes et les milliers de chaînes par satellite. À cette époque, le monde était plus simple. La photo de classe avait un sens. C’était un souvenir qu’on pouvait conserver. Aujourd’hui, plus personne ne veut rien conserver. Et quand on garde trop longtemps un objet, il devient ridicule. Il faut qu’on puisse s’en servir, s’en lasser, le jeter pour en acheter aussitôt un autre plus récent et plus utile, l’objet lui-même n’a aucune valeur. Avant, la photo de classe constituait un événement dans la vie des élèves. Aujourd’hui, on dirait qu’ils s’en fichent. Ça leur enlève du temps à passer devant leurs ordinateurs. » (pp. 146-147)
« Les photos ne font plus le poids face à tous ces films, ces jeux vidéo, ces cassettes et les milliers de chaînes par satellite. À cette époque, le monde était plus simple. La photo de classe avait un sens. C’était un souvenir qu’on pouvait conserver. Aujourd’hui, plus personne ne veut rien conserver. Et quand on garde trop longtemps un objet, il devient ridicule. Il faut qu’on puisse s’en servir, s’en lasser, le jeter pour en acheter aussitôt un autre plus récent et plus utile, l’objet lui-même n’a aucune valeur. Avant, la photo de classe constituait un événement dans la vie des élèves. Aujourd’hui, on dirait qu’ils s’en fichent. Ça leur enlève du temps à passer devant leurs ordinateurs. » (pp. 146-147)
L’histoire, une matière qui dégage de toute responsabilité
Lu dans Les fils de la poussière de Arnaldur Indridason (Paris : Métaillé, 2018)
«
J’étais fainéant, vois-tu. Ça ne me venait
pas à l’esprit de faire des efforts, d’ailleurs je n’en avais pas besoin. […] Mes amis se sont inscrits en médecine, moi
en histoire. C’est une matière qui me passionne, mais quand on y réfléchit,
elle nous dégage aussi de toute responsabilité. » (p.128)
Se faire appeler directeur
Lu
aussi dans Le Dynamiteur de Henning
Mankell (Paris : Seuil, 2018)
«
Je n’apprécie pas que mon gamin ait voulu
être appelé directeur dès qu’il a
acheté une machine à laver et s’est mis à faire la lessive pour les gens. Enfin,
quoi, les lavandières ne se faisaient pas appeler directrices, alors qu’elles
passaient leur vie à faire la lessive. Pareil pour tous ceux qui essuient la
merde des autres. Rien que le mot me met en rogne. Maintenant, il a une grande
laverie, mais il ne devrait quand même pas se faire appeler directeur. » (p. 181)
Il faudrait écrire davantage sur ce que les gens n’ont pu que murmurer
Lu aussi dans Le Dynamiteur de Henning Mankell (Paris : Seuil, 2018)
« J’ai lu les livres de Moberg*. Ils sont bien. C’est comme des livres d’histoire, mais plus passionnant. On est captivés. Ceux dont il parle n’ont rien d’extraordinaire. Ils sont comme tout le monde. Mais on voit tout ce qu’ils ont dû traverser. Il faudrait écrire plus de livres comme ça. Les gens ont été réduits à murmurer pendant des siècles, mais ce sont quand même eux qui ont pris les coups et ont été battus. Il faudrait écrire davantage sur ce que les gens n’ont pu que murmurer. » (p.180)
* Vilhelm Moberg (1898-1973) écrivain rattaché au courant du roman prolétarien, connu surtout pour La Saga des émigrants.
La déchéance des socio-démocrates
Lu aussi dans Le Dynamiteur de Henning Mankell (Paris : Seuil, 2018)
« La déchéance la plus honteuse des sociaux-démocrates est d’avoir transformé le socialisme en une sorte d’organisation de fonctionnaires inutiles qui se sucrent sur le dos des travailleurs. Cette organisation a une entrée et une sortie, mais entre les deux on ne sait pas ce qu’il y a. » (p. 179)
Le temps avait cessé de courir vers l’avant
Lu dans Le Dynamiteur de Henning Mankell (Paris : Seuil, 2018)
« … il observe ainsi toute l’éclipse, avec un léger frisson quand la journée claire s’obscurcit. […] Quand tout est fini […] il reprend le sentier de gravier jusqu’à la ville et se dit qu’à l’instant où l’éclipse était complète, le temps avait cessé de courir vers l’avant, mais s’était étendu en largeur. Et pense qu’il aimerait qu’il en soit ainsi. » (p.161)
La jeunesse prête à prendre sa place
Lu aussi dans L’homme de l’ombre de Laurent Turcot (Montréal : Hurtubise, 2018)
«
La jeunesse a souvent cette manie de
vouloir exister par ce qu’elle vient d’apprendre en montrant à trous qu’elle
connaît ce que les vieux connaissent et donc, naturellement, qu’elle est prête
à prendre sa place. » (p.131)
Un livre à la main dans le silence éternel
Lu dans
L’homme de l’ombre de Laurent Turcot (Montréal : Hurtubise, 2018)
« L’homme au manteau bleu s’avança davantage.
Il se baissa et plongea son regard dans les yeux écarquillés du cadavre. Il
avait toujours senti une familiarité avec la mort. Il s’interrogeait sur son
propre cadavre, quand on le découvrirait, recroquevillé dans un lit, un livre à
la main, la chandelle éteinte depuis des heures. Il aimait se représenter cette
scène. Il y pensait comme un spectateur regarde un tableau pour en admirer le
clair-obscur sans vraiment s’intéresser au sujet ni aux personnages. Il aimait
l’ambiance, le calme, la sérénité, mais surtout le silence éternel. » (p.
18)
Même le noir a son noir
Lu aussi dans Au péril de la mer de Dominique Fortier (Québec : Alto, 2016)
« … j’ai pris dans ma main un morceau de
fusain. Entre mes doigts, le bâtonnet qui avait déjà été un jeune saule était
maintenant léger comme une plume. On distinguait, au centre, les premiers
cercles de croissance de l’arbre, plus foncés, Même le noir a son noir. » (pp.
177-178)
Le génie de Johannes Gutenberg

Le texte « … est composé à l’aide de caractères que l’on peut soulever et déplacer tout à loisir, de sorte qu’un même ensemble de lettres permet de faire tous les livres. L’invention acquérait tout à coup un caractère proprement prodigieux : tous les livres contenus dans une pile de caractères en désordre – tous les livres jamais écrits, et tous ceux encore à écrire, reposant ensemble, pêle-mêle… » (pp. 173)
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