Harry Bosh et son attachement au support papier (2/3)

Lu aussi dans Ceux qui tombent (Michael Connelly. Paris : Calman-lévy, 2014) cette scène rigolote à propos de l’opinion de son héros, l’inspecteur Harry Bosh, concernant les documents numériques :

« À ses yeux, le livre du meurtre était un des éléments clés de l'enquête et avait autant d'importance que n'importe quel autre élément de preuve. C'était le point d'ancrage de l'affaire, où l'on retrouvait toutes les décisions prises, les interrogatoires effectués et les éléments de preuve avérés ou potentiels recueillis par les enquêteurs. Physique, cet objet avait du poids, de la profondeur et de la substance. On pouvait, bien sûr, le réduire à un dossier numérique et le ranger dans une clé USB, mais, Dieu sait pourquoi, pareille opération le lui rendait moins réel et plus caché, sans parler du manque de respect pour les morts.

Bosch avait besoin de voir le fruit de son travail. Il voulait être constamment rappelé au fardeau qu'il portait. Il fallait absolument qu'il voie grandir le nombre de pages au fur et à mesure qu'avançait l'enquête. » (p. 143)

Harry Bosh et son attachement au support papier (1/3)

Lu dans Ceux qui tombent (Michael Connelly. Paris : Calman-lévy, 2014) cette scène rigolote à propos de l’opinion de son héros, l’inspecteur Harry Bosh, concernant les documents numériques :

« Le monde entier était peut-être passé au numérique, mais Harry Bosch n'avait pas suivi le mouvement. Il se débrouillait avec un téléphone et un ordinateur portables. Il écoutait de la musique sur un iPod et il lui arrivait de lire le journal sur celui de sa fille. Mais pour le « livre du meurtre », il était et resterait toujours attaché au plastique et au papier. Harry Bosch était un dinosaure. Peu importait que le service s'oriente vers l'archivage numérique et que le nouveau PAB ne comporte plus d'endroits où coller des étagères pour ranger les gros classeurs bleus qui constituent ce livre du meurtre. Bosch restait fidèle aux traditions, surtout quand il pensait qu'elles aidaient à attraper des tueurs. » (p. 143)

La souris, incarnation de l’esprit d’invention allemand, et Internet

Lu aussi dans Il est de retour (Timur Vermes. – Paris : Belfond, 2014), fiction traduite en 35 langues et bientôt adaptée au cinéma :

« Entre Chaplin, Borat et Shalim Auslander, une satire aussi hilarante que grinçante qui nous rappelle que face à la montée des extrémismes et à la démagogie, la vigilance reste plus que jamais de mise.

Soixante-six ans après sa disparition, Hitler se réveille dans un terrain vague de Berlin. Et il n’est pas content : comment, plus personne ne fait le salut nazi ? L’Allemagne ne rayonne plus sur l’Europe ? […] Et, surtout, c’est une FEMME qui dirige le pays ? ».

Au gré des jours, il découvre, entre autres, des technologies qui le séduisent, comme l’ordinateur et Internet :

« […] cette splendide petite souris était l'incarnation merveilleuse de l'esprit d'invention allemand !

On a rarement inventé chose plus géniale.

On fait avancer la souris sur la table et tous les mouvements sont reproduits sur l'écran sous forme d'une petite main. Et si on veut s'arrêter sur un endroit de l'écran, il suffit d'appuyer sur le bouton de la souris et la petite main ouvre une fenêtre sur l'écran. C'est enfantin et génial. J'étais fasciné. Mais ce n'aurait été qu'un distrayant petit jeu s'il ne s'était agi que de simplifier les tâches à faire au bureau. Il se révéla que cet appareil était multiple et renfermait bien d'autres fonctionnalités.

On pouvait bien sûr écrire mais, par le biais d'un réseau de lignes, on pouvait aussi entrer en relation avec toutes les personnes et toutes les institutions qui étaient disposées à le faire. En plus - et c'était une grosse différence avec le téléphone - , ceux qui envoyaient des messages n'étaient pas obligés de rester assis devant leur ordinateur; ils pouvaient laisser des messages et s'en aller car il était possible de les lire en leur absence. Tout le monde le faisait. Ce qui me réjouissait particulièrement, c'était que l'on pouvait consulter des journaux, des revues, tout ce qui contenait du savoir, en restant assis à sa place. C'était une sorte de gigantesque bibliothèque ouverte en permanence. Comme j'aurais aimé disposer de cette possibilité, à l'époque ! J'avais souvent désiré pouvoir lire encore un peu, à deux heures du matin, après une journée remplie de décisions militaires difficiles à prendre. » (p. 132)

Le téléphone portable, un pur produit du génie aryen

Lu dans Il est de retour (Timur Vermes. – Paris : Belfond, 2014), fiction traduite en 35 langues et bientôt adaptée au cinéma :

« Entre Chaplin, Borat et Shalim Auslander, une satire aussi hilarante que grinçante qui nous rappelle que face à la montée des extrémismes et à la démagogie, la vigilance reste plus que jamais de mise.

Soixante-six ans après sa disparition, Hitler se réveille dans un terrain vague de Berlin. Et il n’est pas content : comment, plus personne ne fait le salut nazi ? L’Allemagne ne rayonne plus sur l’Europe ? […] Et, surtout, c’est une FEMME qui dirige le pays ? ».

Au gré des jours, il découvre, entre autres, des technologies qui le séduisent, comme le téléphone portable :

«  C'était Mlle Krômeier qui s'était occupée de ça. Après avoir réglé toute cette histoire d'ordinateur, elle s'était souvenue qu'on m'avait aussi donné un téléphone portable. Ce genre d'appareil incroyable permettait même d'aller sur Internet, et encore plus facilement qu'avec une souris : il suffisait de toucher l'écran avec un doigt. J'avais tout de suite deviné que je tenais là un pur produit du génie aryen, et, après avoir tourné et retourné l'appareil dans tous les sens, j'avais découvert que, effectivement, c'était la société Siemens qui avait développé cette technique. » (p. 186)

Saisie kilométrique de texte

Lu aussi dans La rue des voleurs, un roman bouleversant qui raconte quelques années de la vie d’un jeune marocain sans avenir, amoureux des livres et de l’écrit animé par un désir d’affirmation d’un humanisme arabe (Mathias Énard. – Actes Sud / Leméac, 2012).

« … je passais douze à seize heures par jour devant l'écran, le dos plié comme un ramasseur de haricots verts, à recopier fidèlement, avec  mes quatre ou six doigts, des livres, des encyclopédies culinaires, des lettres manuscrites, des archives, tout ce que M. Bourrelier me passait. Le job portait bien son nom: saisie kilométrique, travail au kilomètre; plus précisément "double saisie", car ce travail d'abruti était fait deux fois, par deux abrutis différents, et on croisait ensuite les résultats, ce qui donnait un fichier fiable qui pouvait être remis au commanditaire. Les clients de M. Bourrelier étaient des plus divers: des maisons d'édition qui voulaient exploiter numériquement ou réimprimer un vieux fonds, des ministères qui avaient des tonnes et des tonnes d'écritures à gérer, des villes, des mairies dont les archives débordaient, des universités qui envoyaient de vieilles bandes magnétiques de cours magistraux et de conférences à retranscrire - on avait l'impression que toute la France, tout le verbiage de la France atterrissait ici, en Afrique; le pays entier vomissait du langage sur M. Bourrelier et ses nègres. Il fallait taper vite, bien sûr, mais pas trop vite, car on payait les corrections de notre poche: chaque fois que le croisement de la double saisie révélait une erreur, le mot ou la phrase en question étaient vérifiés et la coquille décomptée de mon salaire. » (p. 96)