Trois types de mondes

Lu dans Les embrouillaminis de Pierre Raufast  (Bussy-Saint-Martin : Aux forges de Vulcain. – 2021)

« Il y a trois types de mondes. Tout d'abord, celui de l'infiniment grand: les planètes, les étoiles, les galaxies et les trous noirs. Celui que nous comprenons assez bien dans sa globalité, mais que nous pouvons difficilement concevoir dans sa monstrueuse immensité.

Il a aussi le monde des choses qui nous entourent. Les arbres, les animaux, les hommes, les femmes, les voitures et les bouteilles de rhum. Celui-ci, nous passons notre misérable vie à le découvrir, à nous y attacher puis à le détruire. Nous y titubons avec plus ou moins de bonheur, pensant maîtriser notre destin, ce qui déclenche l'hilarité des dieux olympiens.

Enfin, il y a le monde de l'infiniment petit. Le monde des aléas quantiques, des particules de Dieu qui s'entremêlent et font leur vie dans l'indifférence et l'ignorance totale des êtres vivants. C'est une fourmilière dans une tête d'épingle, un monde inerte en mouvement, un écosystème où le temps n'existe pas, où le hasard est la seule religion et qui influence pourtant nos vies insignifiantes. Faut-il encore des preuves de son existence ? » (p. 81)



Le paradoxe de la lecture


Lu aussi dans Le passeur de livres de Carsten Henn  (Paris : XO éditions. – 2022)

« Même quand un livre merveilleux finit au bon endroit, au bon moment, et que tout ce qui aurait pu y être ajouté n'aurait fait que détruire cette harmonie, on voudrait qu'il compte plus de pages. C'est le paradoxe de la lecture. » (p. 148)


La liberté de décider ce qu’on lit


Lu aussi dans Le passeur de livres de Carsten Henn  (Paris : XO éditions. – 2022)

« Quand on achète des livres, on est libre. C’est une une chose fantastique. Si tout nous est imposé dans la vie, au moins peut-on encore décider de ce qu'on lit. » (p. 108)

Chacun a besoin de livres différents


Lu aussi dans Le passeur de livres de Carsten Henn  (Paris : XO éditions. – 2022)

« Tu sais, il n'y a pas de livre qui plaise à tout le monde. Et s'il y en avait un, il serait mauvais. On ne peut pas être ami avec tout le monde, parce que chacun est différent. Ou alors il faudrait être sans personnalité, sans angles ni aspérités. Et même comme ça, cela ne se pourrait pas, car les gens ont besoin d'angles et d'aspérités. Tu comprends ?

Chacun a besoin de livres différents. Parce que ce qu'une personne aime du fond du cœur en laisse une autre complètement indifférente. » (p.107)


L’impact de la lecture boulimique


Lu aussi dans Le passeur de livres de Carsten Henn  (Paris : XO éditions. – 2022)

« Lire beaucoup ne fait pas de vous un intellectuel. Manger beaucoup ne fait pas non plus de vous un fin gastronome. Je lis très égoïstement, pour mon plaisir, pour l'amour des bons récits, pas pour apprendre quelque chose sur le monde.

Pourtant, même dans un vieux crâne comme le tien, il restera toujours quelque chose de ces lectures, c'est inévitable. » (p.73)

Les livres veulent sans cesse qu’on les lise


Lu dans Le passeur de livres de Carsten Henn  (Paris : XO éditions. – 2022)

« Il vivait là avec sa famille de papier, protégée de la lumière et de la poussière derrière des vitrines en verre dépoli. Les livres voulaient sans cesse qu'on les lise. Comme les perles demandaient qu'on les porte pour révéler tout leur éclat, et comme les animaux avaient besoin qu'on les caresse pour se sentir aimés. » (p. 39) 

L’excuse des Canadians pour ne pas apprendre le français


Lu aussi dans Ceux dont on ne redoute rien de Mathieu Thomas  (Montréal : Québec Amérique. – 2021)

« Le Canada doit être un des seuls endroits au monde où le français n'est pas une langue de prestige […]. Quant à la question du patois, […] c'est une vieille excuse qu'utilisent les Canadiens anglais pour ne pas avoir à apprendre le français quand ils sont au Québec. Why learn it, it's not even proper French ! » (p. 267)

Avoir un pays normal...


Lu aussi dans Ceux dont on ne redoute rien de Mathieu Thomas  (Montréal : Québec Amérique. – 2021)

« … l'émancipation politique ! Avoir un pays normal... Un pays où on peut être bilingue sans craindre que ça mène à la disparition de notre langue. Regardez en Scandinavie, aux Pays-Bas... ils sont presque tous capables de parler anglais, mais sans que ça menace leur langue nationale. L'indépendance nous permettrait de régler le problème à sa source, quoi ! » (p. 242)

La seule chose sur laquelle les Québécois sont capables de s'entendre


Lu aussi dans Ceux dont on ne redoute rien de Mathieu Thomas  (Montréal : Québec Amérique. – 2021)

« Peut-être a-t-on moins de scrupules à faire l'analyse psychologique d'un peuple quand on a la conviction d'y être en partie étranger ...

Étrangers aux réflexes frileux de la majorité, ne portant pas deux siècles d'échecs sur leur dos, ces nouveaux Québécois apporteraient aux «Canadiens français» ce qui leur manquait le plus cruellement : la confiance qui vient avec l'estime de soi.

En effet, les Québécois ne s'aiment pas. La moitié a intégré le discours des Anglos : nous sommes stupides de nous obstiner à parler une langue marginale, qui nous isole du reste du continent et nous empêche de faire du business. L'autre moitié pense que nous sommes un peuple adolescent, un vrai Tanguy des nations, qui préfère vivoter, quitte à se plaindre de son sort, plutôt que de s'assumer et de devenir indépendant. En fait, on dirait que la seule chose sur laquelle les Québécois sont capables de s'entendre, c'est qu'il n'y a pas de quoi être fier d'être Québécois. »  (pp. 154-155)

La preuve que les Québécois existent


Lu aussi dans Ceux dont on ne redoute rien de Mathieu Thomas  (Montréal : Québec Amérique. – 2021)

« Les peuples sont toujours curieux de connaître les opinions des autres à leur égard, c'est là une constante à travers le monde. Mais dans le cas des Québécois, cette soif de savoir prend des proportions d'une autre envergure. Dans un contexte où la plupart des habitants de la planète ignorent l'existence d'une nation francophone en Amérique du Nord, faut-il s'étonner que les gens d'ici soient doublement affamés de formes de reconnaissance, si anecdotiques puissent elles être? Après tout, si quel qu'un, quelque part parle de nous, c'est preuve que l’on existe. » (p. 93) 

Être ou devenir Québécois


Lu dans Ceux dont on ne redoute rien de Mathieu Thomas  (Montréal : Québec Amérique. – 2021)

« … si le Québec était un pays normal, il n'y aurait pas d'ambiguïté, je serais Québécois. Un Québécois né de parents immigrants, mais un Québécois tout de même... mais le Québec n'est qu'une province d'un autre pays et, dans ce pays, on voit les Québécois comme une simple minorité ethnique, composée des descendants des colons français de la Nouvelle-France. Du point de vue canadian, on ne peut pas devenir Québécois. » (p. 63)

Ce qui se passe dans toutes les bibliothèques


Lu dans L’étrange bibliothèque de Haruki Murakami  (Paris : Belfond. – 2022)

 

« – Dites, M. l'homme-mouton, fis-je. Pour quelle raison le vieil homme veut-il m'aspirer le cerveau?

– Eh bien, lorsque le cerveau est bourré de savoir, il est particulièrement délicieux. Nutritif et consistant. Bien crémeux, riche en pulpe.

– C'est pour cela que dans un mois, quand j'aurai emmagasiné toutes sortes de connaissances, il viendra l'aspirer ?

– Exactement.

– Mais c'est abominable, vous ne trouvez pas ? dis-je. Enfin, avant tout, pour celui dont le cerveau va être aspiré !

– Tu sais, c'est plus ou moins ce qui se passe dans toutes les bibliothèques.

En entendant ces mots, je fus frappé de stupeur.

– Quoi ? Cela arrive dans toutes les bibliothèques ?

– Si elles se contentaient de fournir des connaissances pour rien, quel serait leur bénéfice?

– Oui, mais tout de même, je trouve que c'est dépasser les bornes que de vous découper le crâne à la scie et de vous aspirer le cerveau !

L'homme-mouton eut l'air embarrassé.

– Pour tout dire, je crois que tu es né sous une mauvaise étoile. Ici-bas, ce sont des choses qui arrivent.» (pp. 31-32)

Septembre


Lu dans L’Étonnante mémoire des glaces de Catherine Lafrance  (Montréal : Druide. – 2022)

« Septembre. Tout juste après les indolences de l'été. Quand les herbes sont hautes, que les ombres s'allongent, que les forêts frémissent sous le vent. Quand les soleils déclinent en jetant leurs derniers feux. Et que les jours s'inclinent dans leur lumière dorée. » (p. 416)

Une affaire non résolue


Lu dans L’inconnu de la poste de Florence Aubenas  (Paris : Éditions de l'Olivier. – 2022)

«La justice ne reconnaît jamais qu'elle laisse mourir une affaire. Elle pratique plutôt une manière de coma artificiel, consistant à réduire progressivement le nombre d'enquêteurs » (p. 138) 

Dans un parc …


Lu aussi dans Jouissance de Ali Zamir  (Paris : Le Tripod. – 2022)

« … dans un parc, des couples se divertissent en se fixant des yeux enamourés, des enfants sautillent comme des chèvres, des vieux somnolent, les yeux mi-clos, et se donnent aux rayons. » (p.200)

Le petit matin



Lu aussi dans Jouissance de Ali Zamir  (Paris : Le Tripod. – 2022)

« … quand les premiers rayons de l'astre du jour commencent à pinailler avec les ombres … (p.193)