Tout pour être un bon écrivain


Lu dans Par le feu de Marie-Ève Bourassa (Montréal : VLB, 2013)

« Dire que j’ai pourtant tout pour être un bon écrivain : une propension pour l’alcool, une dépendance à la marijuana, un cœur d’artichaut, une histoire triste, un spleen assez fidèle, un cahier et un crayon. Pas d’ordinateur. » (p. 11)

Un présent qui dure six minutes

Lu dans La liste de mes envies de Grégoire Delacourt (Paris, JC Lattès, 2012)

« Depuis son accident, [papa] est dans le présent. Il n’a plus de passé, pas de futur. Il est dans un présent qui dure six minutes et toutes les six minutes, le compteur de sa mémoire retombe à zéro. Toutes les six minutes il me demande mon prénom. Toutes les six minutes il me demande quel jour on est. Toutes les six minutes il demande si maman va arriver. » (p. 44)

Être capable de citer des titres aussi facilement que des marques de biscuits


Lu dans La place de Annie Ernaux (Paris : Gallimard (Folio), 1983)
 
« Un dimanche après la messe, j’avais douze ans, avec mon père j’ai monté le grand escalier de la mairie. On a cherché la porte de la bibliothèque municipale. Jamais nous n’y étions allés. Je m’en faisais une fête. On n’entendait aucun bruit derrière la porte. Mon père l’a poussée, toutefois. C’était silencieux, plus encore qu’à l’église, le parquet craquait et surtout cette odeur étrange, vieille. Deux hommes nous regardaient venir depuis un comptoir très haut barrant l’accès aux rayons. Mon père m’a laissé demander : « On voudrait emprunter des livres. » L’un des hommes aussitôt : « Qu’est-ce que vous voulez comme livres ? » À la maison, on n’avait pas pensé qu’il fallait savoir d’avance ce qu’on voulait, être capable de citer des titres aussi facilement que des marques de biscuits. » (pp. 111-112)


Si l’on est d’un pays, « natif-natal »


Lu aussi dans Petit pays de Gaël Faye (Paris : Grasset, 2016)

« Si l’on est d’un pays, si l’on y est né, comme qui dirait : natif-natal, eh bien, on l’a dans les yeux, la peau, les mains, avec la chevelure de ses arbres, la chair de sa terre, les os de ses pierres, le sang de ses rivières, son ciel, sa saveur, ses hommes et ses femmes. » (p. 213)

Un livre peut changer ta vie


Lu aussi dans Petit pays de Gaël Faye (Paris : Grasset, 2016)

« [Les livres] m’ont changée, ont fait de moi une autre personne.
– Un livre peut nous changer ?
– Bien sûr, un livre peut te changer ! Et même changer ta vie. Comme un coup de foudre. Et on ne peut pas savoir quand la rencontre aura lieu. Il fait se méfier des livres, ce sont des génies endormis.  » (p. 169)

De l’influence des livres

Lu dans Petit pays de Gaël Faye (Paris : Grasset, 2016)

« Un après-midi, j’ai croisé par hasard Mme Economopoulos devant sa haie de bougainvilliers. On a échangé quelques mots sur la saison des pluies et le beau temps, puis elle m’a invité à entrer dans sa maison pour m’offrir un verre de jus de barbadine. Dans son grand salon, mon regard a tout de suite été attiré par la bibliothèque lambrissée qui couvrait entièrement un des murs de la pièce. Je n’avais jamais vu autant de livres en un seul lieu. Du sol au plafond.
– Vous avez lu tous ces livres ? j’ai demandé.
– Oui. Certains plusieurs fois même. Ce sont les grands amours de ma vie. Ils me font rire, pleurer, douter, réfléchir. Ils me permettent de m’échapper. » (pp. 168-169)