C’est ça, écrire

Lu aussi dans La vie secrète des écrivains  de Guillaume Musso (Paris : Calmann-Lévy. – 2019) 

« L’essentiel, c’est la sève qui irrigue ton histoire. Celle qui doit te posséder et te parcourir comme un courant électrique. Celle qui doit te brûler les veines pour que tu ne puisses plus faire autrement que d’aller au bout de ton roman comme si ta vie en dépendait. C’est ça, écrire. C’est ça qui fera que ton lecteur sera captif, immergé, et qu’il perdra ses repères pour se laisser engloutir comme tu l’as été toi-même. » (p. 160)

L’existence d’un écrivain


Lu dans La vie secrète des écrivains  de Guillaume Musso (Paris : Calmann-Lévy. – 2019)

 « … l’existence d’un écrivain est le truc le moins glamour du monde [...]. Tu mènes une vie de zombie, solitaire et coupée des autres. Tu restes toute la journée en pyjama à t’abîmer les yeux devant un écran en bouffant de la pizza froide et en parlant à des personnages imaginaires qui finissent par te rendre fou. Tu passes tes nuits à suer sang et eau pour torcher une phrase que les trois quarts de tes maigres lecteurs ne remarqueront même pas. C’est ça, être écrivain. » (pp. 57-58)

L’imposture démocratique de l’Espagne au lendemain de la mort de Franco

Lu dans L'imposteur de Javier Cercas (Arles - Actes sud, 2015)

« Marco a réinventé sa vie à un moment où le pays entier était en train de se réinventer. C'est ce qui s'est passé pendant la transition de la dictature à la démocratie en Espagne. À la mort de Franco, presque tout le monde s'est mis à se construire un passé pour s'intégrer au présent et préparer l'avenir. Les politiciens l'ont fait, les intellectuels et les journalistes de premier, deuxième et troisième ordre l'ont fait, mais aussi le commun des mortels ; les militants de tout comme les militants de gauche l'ont fait, les uns autant que les autres désireux de montrer qu'ils étaient démocrates depuis toujours et que, pendant le franquisme, ils été des opposants clandestins, des officiels maudits, résistants silencieux ou des antifranquistes en sommeil ou actifs. Tout le monde n'a pas menti avec la même science, la même effronterie, la même insistance, bien sûr, et rares furent ceux qui réussirent à s'inventer entièrement une identité nouvelle ; la majorité s'est contentée de maquiller ou d'embellir son passé (ou de finalement lever le sur une intimité pudiquement ou opportunément cachée jusqu'alors). Quoi qu'il en soit, tout le monde l'a fait tranquillement, sans embarras moral ou sans trop d'embarras moral, sachant que tout le monde en faisait autant et par conséquent tout le monde l'acceptait ou le tolérait et que personne n'avait intérêt à faire des révélations sur le passé de qui que ce soit parce que tout le monde avait des choses à cacher : au milieu des années 1970, de fait, le pays entier portait sur ses épaules quarante années de dictature à laquelle personne n'avait dit Non et à laquelle presque tout le monde avait dit Oui, avec laquelle presque tout le monde avait collaboré de gré ou de force et durant laquelle presque tout le monde avait prospéré, une réalité qu'on a essayé de cacher ou de maquiller ou d'embellir, tout comme Marco avait embelli ou maquillé .ou caché la sienne, en inventant un passé individuel et collectif fictif, un passé noble et héroïque pendant lequel très peu d'Espagnols avaient été franquistes, un passé pendant lequel avaient été résistants ou dissidents antifranquistes précisément tous ceux qui n'avaient pas levé le petit doigt contre le franquisme ou qui avaient travaillé avec lui, main dans la main. »

La vie, un roman


Lu aussi dans L’Énigme de la chambre 622  de Joël Dicker (Paris : Éditions de Fallois. – 2020) 

« La vie est un roman dont on sait déjà comment il se termine : à la fin le héros meurt. Le plus important n’est donc pas comment notre histoire s’achève, mais comment nous en remplissons les pages. Car la vie, comme un roman, doit être une aventure. Et les aventures, ce sont les vacances de la vie.» (p. 569)