La valeur des objets

Lu aussi dans Les fils de la poussière de Arnaldur Indridason (Paris : Métaillé, 2018)  

« Les photos ne font plus le poids face à tous ces films, ces jeux vidéo, ces cassettes et les milliers de chaînes par satellite. À cette époque,  le monde était plus simple. La photo de classe avait un sens. C’était un souvenir qu’on pouvait conserver. Aujourd’hui, plus personne ne veut rien conserver. Et quand on garde trop longtemps un objet, il devient ridicule. Il faut qu’on puisse s’en servir, s’en lasser, le jeter pour en acheter aussitôt un autre plus récent et plus utile, l’objet lui-même n’a aucune valeur. Avant, la photo de classe constituait un événement dans la vie des élèves. Aujourd’hui, on dirait qu’ils s’en fichent. Ça leur enlève du temps à passer devant leurs ordinateurs. » (pp. 146-147)

L’histoire, une matière qui dégage de toute responsabilité


Lu dans Les fils de la poussière de Arnaldur Indridason (Paris : Métaillé, 2018)

« J’étais fainéant, vois-tu. Ça ne me venait pas à l’esprit de faire des efforts, d’ailleurs je n’en avais pas besoin. […] Mes amis se sont inscrits en médecine, moi en histoire. C’est une matière qui me passionne, mais quand on y réfléchit, elle nous dégage aussi de toute responsabilité. » (p.128)

Se faire appeler directeur

Lu aussi dans Le Dynamiteur de Henning Mankell (Paris : Seuil, 2018)

« Je n’apprécie pas que mon gamin ait voulu être appelé directeur dès qu’il a acheté une machine à laver et s’est mis à faire la lessive pour les gens. Enfin, quoi, les lavandières ne se faisaient pas appeler directrices, alors qu’elles passaient leur vie à faire la lessive. Pareil pour tous ceux qui essuient la merde des autres. Rien que le mot me met en rogne. Maintenant, il a une grande laverie, mais il ne devrait quand même pas se faire appeler directeur. » (p. 181)

Il faudrait écrire davantage sur ce que les gens n’ont pu que murmurer


Lu aussi dans Le Dynamiteur de Henning Mankell (Paris : Seuil, 2018)
 
« J’ai lu les livres de Moberg*. Ils sont bien. C’est comme des livres d’histoire, mais plus passionnant. On est captivés. Ceux dont il parle n’ont rien d’extraordinaire. Ils sont comme tout le monde. Mais on voit tout ce qu’ils ont dû traverser. Il faudrait écrire plus de livres comme ça. Les gens ont été réduits à murmurer pendant des siècles, mais ce sont quand même eux qui ont pris les coups et ont été battus. Il faudrait écrire davantage sur ce que les gens n’ont pu que murmurer. » (p.180)
 
* Vilhelm Moberg (1898-1973) écrivain rattaché au courant du roman prolétarien, connu surtout pour La Saga des émigrants.