« Pascal dit que croire en Dieu est un pari sûr : si on perd, on ne perd rien ; si on gagne, on gagne tout… » (p. 127)
« Pascal dit que croire en Dieu est un pari sûr : si on perd, on ne perd rien ; si on gagne, on gagne tout… » (p. 127)
« Les pauvres sont plus forts que les riches, surtout si, en plus, ils ont la malchance d’être orphelins et d’avoir connu une guerre dans leur enface […] » Les riches sjnt mal habitués, et ils ont beaucoup à perdre ; ça les rend mous. Les pauvres ne sojnt pas comme ça. » (p. 122)
Lu dans Terra Alta de Javier Cercas (Arles, Actes Sud, 2021) :
« …Dieu et le diable sont les deux faces d’une même pièce et […] celui qui entretient une relation avec Dieu finit par entretenir une relation avec le diable… » (p. 75)
« Ce qu’on ne dit pas à propos du pouvoir absolu, c’est qu’il n’est jamais absolu : à partir du moment où on le détient, il y a toujours quelqu’un pour chercher à s’en emparer. C’est ainsi que les princes peuvent dormir sur leurs deux oreilles, mais pas les rois, qui guettent toujours le craquement d’une latte de plancher, le plus léger couinement d’une charnière... » (p. 63)
« Qui ne s’est promené dans un parc inconnu et n’a senti qu’il était immense, puis y est retourné pour découvrir que ce parc est en fait bien plus petit que ne l’avait laissé croire la première impression ?
Quand nous retournons dans des endroits que nous avons fréquenté enfant, il n’est pas rare de trouver combien tout paraît plus petit. Cette expérience a trop souvent été attribuée aux différences physiques entre l’enfant et l’adulte. En fait, elle est davantage liée aux dimensions épistémologiques qu’aux dimensions corporelles : la connaissance agit comme de l’eau chaude sur la laine. Elle rétrécit le temps et l’espace. » (p. 172-173)
La photographie confère « une permanence à des moments qui [sont] si souvent fugaces. Mais même cent mille photographies ne peuvent rendre le monde stable. » (p. 23)
« Vous est-il déjà arrivé de vous revoir en train de faire quelque chose que vous avez déjà fait, peu importe le nombre de fois où vous vous repassez la scène, à chaque fois vous avez envie de hurler Stop, de tout recommencer différemment, de redéfinir le présent ? » (p. xvii-xviii)
Lu dans Charlotte de David Foenkinos (Paris : Gallimard. – 2014)
« Il existe un point précis sans la trajectoire d’un artiste.
Le moment où sa
propre voix commence à se faire entendre.
La densité se propage
en elle, comme du sang dans de l’eau. » (p. 67)
« Les livres sont comme un voyage dans le temps. Tous les vrais lecteurs savent cela. Mais ils ne vous ramènent pas seulement à l’époque où ils ont été écrits, ils peuvent aussi vous ramener à d’autres versions de vous-mêmes. » (p. 57)
« ...quand une idée fixe veut occuper toute la place dans la tête de quelqu’un, c’est toujours la mansuétude qui se fait tasser en premier. » (p. 146)
« On ne ressent jamais autant le vide, on n’éprouve jamais autant le silence que dans un lieu déserté par l’effervescence auquel il est voué. » (p. 45)
Lu dans La rage de Zygmunt Miloszewski (Paris, Fleuve noir, 2016) :
« La culture est d’autant plus intéressante qu’elle sert à corriger la nature. La nature est rude, ennemie, tandis que la culture permet à l’homme d’agir avec un grain d’effort et de temps. La culture libère le corps de l’esclavage du travail, elle le dispose à la contemplation. » (p. 68)
« Sur leur lit d’agonie, les mourants disent souvent : ‘’Si c’était à refaire…’’ – et ils précisent alors ce qu’ils referaient ou ce qu’ils modifieraient. Cela prouve qu’ils sont encore vivants. Quand on est mort, on n’éprouve ni approbation ni regret par rapport à ses agissements ou ses abstentions. On voit sa vie comme une œuvre d’art » (p. 120)
« Descartes a affirmé que la seule chose dont il était sûr, c’était qu’il existait. Tout le reste, y compris les autres êtres humains, pourrait n’être qu’une illusion, Qui me garantit que demain je ne vais pas me réveiller et découvrir que j’ai rêvé pendant tout ce temps, et qu’en réalité l’univers l’existe pas, qu’il est juste une figure de mon rêve, une sous-réalité ? Tout peut être illusion. La seule chose dont je suis sûr, c’est que j’existe, et je le sais parce que je pense. Je pense, donc je suis. Le reste peut n’être que simulation. » (p. 236)
« On dira ce qu’on voudra mais, dans l’acte de création, chaque artiste, chaque scientifique, chaque créateur va puiser des idées quelque part ou chez quelqu’un, ne serait-ce qu’inconsciemment. Littérature, peinture, musique, architecture, science… la création est pleine de reproduction, l’originalité regorge d’imitation.» (p. 53)
« … à quoi rêvent tous ces gens profondément endormis. Ou peut-être n’y arrivent-ils tout simplement pas ? Nuit après nuit, leur sommeil prend la forme d’un long tunnel d’où il leur est impossible de s’extirper. Un éboulement dans une mine. Beaucoup trop noir pour repérer la sortie. » (p. 52)
« Tant de mots alignés les uns à la suite des autres. Toujours les mêmes qui reviennent, mais dans un ordre différents. » (pp. 30-31)
« […] toutes nos vies,
malgré leur incroyable linéarité de façade, [ne sont] qu’accidents, hasards, croisements et rendez-vous manqués. Nos vies
[sont] remplies de cette foultitude de riens, qui
selon leur agencement nous feraient rois du monde ou taulards. ‘’J’ai été là au
bon moment’’, voilà ce que bien des gens comblés [peuvent] confesser. » (p. 171)
Lu aussi dans Furie
de Myriam Vincent (Montréal, Les éditions Poètes de brousse, 2020) :
« On tord tous un peu
la réalité pour pouvoir y vive confortablement, de toute façon, et on porte
tous des œillères face à certaines conséquences de nos actions : on ignore
la pollution produite par nos voyages, les SDF qu’on croise dans la rue en nous
rendant à un souper entre amis, les enfants qui perdent leur jeunesse à coudre
nos jeans trendy à bas prix… On mène des vies trop éclatantes pour s’attarder à
leurs zones d’ombre. » (p. 255)
« Comme être
reconnu non-coupable après un procès voulait dire être innocent. […] n’importe quel avocat pourrait te le dire :
être reconnu coupable ou non, ça a rien à voir avec la véracité de l’innocence
de l’accusé, c’est juste une question d’avoir le bon avocat. » (pp. 204-205)
Lu aussi dans Furie
de Myriam Vincent (Montréal, Les éditions Poètes de brousse, 2020) :
« J’ai jamais compris ces auteurs et autrices, nombreux, qui décrivent des émotions dans les yeux des gens – des yeux remplis de tristesse, d’émerveillement, d’horreur, de gêne, name it. On peut lire des émotions dans les visages, d’accord, mais dans les yeux ? Moi j’y suis jamais arrivée. Me semble qu’on peut projeter ce qu’on veut dans les globes oculaires de nos interlocuteurs. Personnellement, j’y vois rien. » (p. 117)
Lu dans Furie de Myriam Vincent (Montréal, Les éditions Poètes de brousse, 2020) :
« Je me suis dit que je pourrais faire ça, une
fois mes études terminées, avec tout le temps libre que mon métier me laisse :
écrire des livres. C’est généralement ce que ça prend, après tout pour devenir auteur
ou autrice : une vie privilégiée qui nous laisse amplement de temps et d’argent
pour nous consacrer à l’écriture, vu que c’est pas grâce à notre art qu’on va
payer notre épicerie. » (p. 62)
« … ‘’l’homme nostalgique’’ mènerait deux vies à la fois, oscillant entre le lieu qu’il occupe et l’ailleurs dont il se languit, présent en un lieu physique dont il est absent mentalement, présent en lieu moral dont il est absent physiquement.» [Jankélévitch] (p. 193)
« …les pas que fait un homme, du jour de sa naissance à celui de sa mort, dessinent dans le temps une figure inconcevable. L’intelligence divine voit cette figure immédiatement, comme nous voyons un triangle. Cette figure a (peut-être) sa fonction bien déterminée dans l’économie de l’univers. » [Borges] (p. 75)
Lu
aussi dans La vie est un roman de Guillaume Musso (Paris : Calmann-Lévy.
– 2020)
« À quoi servent les livres s’ils ne nous ramènent pas vers la vie, s’ils ne parviennent pas à nous y faire boire avec plus d’avidité. » (p. 281)
Henry
Miller, Lire ou ne pas lire, Esprit
1960.
Lu
aussi dans La vie est un roman de Guillaume Musso (Paris : Calmann-Lévy.
– 2020)
« On tremble avec [nos personnages] en espérant qu’ils s’en sortiront même lorsqu’il n’y a aucune issue. Même lorsque la situation est désespérée, on espère toujours qu’ils trouveront un échappatoire. Mais on reste le maître à bord. Un écrivain ne peut se permettre d’abdiquer devant ses personnages.
[…]
Il y a une vérité propre aux personnages. Une fois qu’ils sont entrés en scène, vous ne pouvez pas faire l’impasse sur leur identité, sur leur véritable nature, sur leur vie secrète. » (p.180)
Lu
aussi dans La vie est un roman de Guillaume Musso (Paris : Calmann-Lévy.
– 2020)
« … avant de commencer à écrire, je peaufine
la construction de mes personnages en rédigeant pour chacun une fiche
biographique détaillée. Même si les trois quarts de ces renseignements ne se
retrouveront pas dans le livre, c’est un moyen imparable pour mieux les
connaître » (p. 134)
Lu
aussi dans La vie est un roman de Guillaume Musso (Paris : Calmann-Lévy.
– 2020)
« Avoir une bonne histoire et de bons personnages, ce n’est pas suffisant pour réussir un roman, Il faut aussi être dans un moment de votre vie où vous allez pouvoir en tirer quelque chose.» (p. 121)
Lu
aussi dans La vie est un roman de Guillaume Musso (Paris : Calmann-Lévy.
– 2020)
« Écrire un roman n’est pas très difficile […] Ce qui est particulièrement ardu, c’est d’écrire des romans encore et encore. […] Il faut disposer d’une capacité particulière, qui est certainement un peu différente du simple talent. » (p. 95)
Haruki
Murakami, Profession Romancier,
Belfond 2019
Lu
aussi dans La vie est un roman de Guillaume Musso (Paris : Calmann-Lévy.
– 2020)
« Beaucoup de romanciers le savent : il existe un principe dramaturgique dans la fiction connu sous le nom de fusil de Tchekhov. ‘’ Si dans le premier acte vous dites qu’il y a un fusil accroché au mur, prévient le dramaturge russe, alors il fait absolument qu’un coup de feu soit tiré avec au second ou au troisième acte’’.» (pp. 85)
Lu
aussi dans La vie est un roman de Guillaume Musso (Paris : Calmann-Lévy.
– 2020)
« … la grande force de la fiction réside dans le pouvoir qu’elle nous offre de nous soustraire au réel ou de panser les plaies infligées par la violence alentour.» (p. 60)
« Avant d'écrire ce
roman, j'avais publié une enquête sur les éditions de ce type. Vous adressez
votre texte à une de ces maisons qui ne tarit pas d'éloges sur ses qualités
littéraires évidentes et vous propose de vous publier. Vous êtes bouleversé.
Ils vous donnent à signer un contrat qui stipule que vous devrez financer
l'édition de votre manuscrit, en échange de quoi l’éditeur s'emploiera à vous
faire obtenir force articles et même, pourquoi pas, des distinctions
littéraires flatteuses. Le contrat ne stipule pas le nombre de copies que
l'éditeur devra imprimer, mais insiste pour dire que les invendus seront
détruits « sauf si vous vous en portez acquéreur ». L'éditeur imprime trois
cents copies, cent destinées à l'auteur qui les adresse à ses proches et deux
cents aux journaux, lesquels s'empressent de les jeter à la poubelle.
Mais la maison
d'édition possède ses revues confidentielles, dans lesquelles des comptes
rendus seront bientôt publiés à la gloire de ce livre « important ». Pour
obtenir l'admiration de ses proches, l'auteur achète encore, disons, cent
exemplaires (que l'éditeur s'empresse d'imprimer). Au bout d'un an, on lui fait
savoir que les ventes n'ont pas été très bonnes et que le solde du tirage (qui
était, on le lui apprend, de dix mille) va être détruit. Combien veut-il en
acheter ? L'auteur est terriblement frustré à J'idée de voir disparaître son
livre chéri. Alors il en achète trois mille. L'éditeur en fait aussitôt
imprimer trois mille qui n'existaient pas jusque-là et les vend à l'auteur.
L'entreprise est florissante puisque l'éditeur n'a strictement aucun frais de
distribution. » (pp. 199-200)
Lu
dans La vie est un roman de Guillaume Musso (Paris : Calmann-Lévy.
– 2020)
« Je n’ai jamais pensé que la littérature devait avoir pour fonction de réparer ou de corriger le monde. Et je n’écris surtout pas pour que mes lecteurs aillent mieux après avoir lu mes livres. » (p. 60)
Lu
dans Les fantômes de Reykjavik de Arnaldur Indrisason (Paris : Éditions
Métaillé. – 2020)
« L’éditeur avait refusé son manuscrit. Il avait essuyé un second refus chez un autre. Revenez nous voir d’ici quelques années, lui avait-on conseillé. Il avait fini par publier ce recueil à compte d’auteur en le faisant ronéotyper dans un atelier installé rue Noatum. Puis il avait distribué dans les librairies et avait bien failli le vendre à la criée dans les rues comme un vendeur de journaux, mais s’en était finalement abstenu. » (p. 86)
« Le refoulement des sentiments est la première qualité d’un écrivain. La perle ne se confectionne qu’avec le temps et la claustration; l’intrusion d’un débris, d’un déchet ou d’une émotion déclenche les mécanismes de la création. Couche après couche, chapitre après chapitre, la menace sera avalée, dissimulée sous la nacre. » (p. 172)
« L’époque promeut tellement le narcissisme que nos écrivains égocentrés s’aventurent à peine hors du récit pour se réfugier dans l’autofiction, Même les lecteurs tiennent désormais pour acquis que l’auteur est nécessairement partout dans son œuvre, comme Dieu dans celle de Flaubert. » (p. 71)
« La plupart des gens que nous croisons sont quelconques, on n’en retient rien, sinon le regret du temps et de l’énergie perdus. Dans la constellation d’étoiles ternes qui traversent nos vies brille pourtant, à de rares et précieuses occasions, un soleil à portée de main. Parfois un parent, souvent un ami ou encore un professeur. Les plus chanceux en croiseront deux ou trois qui marqueront probablement leur personnalité, imprégneront eu peu de magnificence dans le tissu de leur psyché.» (pp. 69-70)
« Nos existences prennent parfois des détours étonnants, et aboutissent dans des culs-de-sac plus étonnants encore.» (p. 63)
« La plupart des humains ne réalisent rien de significatif au cours de leur existence, n’apportent rien de valable à l’évolution de l’humanité, sinon des rejetons pour perpétuer et accélérer l’exploitation des ressources d’une planète à bout de souffle. » (pp. 40-41)
Lu
aussi dans Tuer le fils de Benoît Séverac (Paris : La manufacture
de livres. – 2020)
« Écrire de la fiction, c’est relater l’expérience s’un individu de manière à en faire une expérience universelle, à laquelle tout lecteur doit pouvoir s’identifier. Transcender par le beau, par les sentiments. Par l’émotion, l’empathie.» (p. 143)
Lu dans Tuer le fils de Benoît Séverac (Paris : La manufacture de livres. – 2020)
« Ne croyez pas en l’inspiration. Elle est une fainéante passive alors que l’acte de création est volontaire et actif. Construisez votre base de données, votre banque d’expressions, de sensations, dans laquelle vous puiserez le moment voulu pour façonner une scène, donner corps à un personnage... » (p. 70)