Lu dans L’étrange bibliothèque de Haruki Murakami (Paris : Belfond. – 2022)
« – Dites, M.
l'homme-mouton, fis-je. Pour quelle raison le vieil homme veut-il m'aspirer le
cerveau?
– Eh bien, lorsque
le cerveau est bourré de savoir, il est particulièrement délicieux. Nutritif et
consistant. Bien crémeux, riche en pulpe.
– C'est pour cela
que dans un mois, quand j'aurai emmagasiné toutes sortes de connaissances, il
viendra l'aspirer ?
– Exactement.
– Mais c'est
abominable, vous ne trouvez pas ? dis-je. Enfin, avant tout, pour celui dont le
cerveau va être aspiré !
– Tu sais, c'est plus ou moins ce qui se passe dans toutes les bibliothèques.
En entendant ces
mots, je fus frappé de stupeur.
– Quoi ? Cela arrive
dans toutes les bibliothèques ?
– Si elles se
contentaient de fournir des connaissances pour rien, quel serait leur bénéfice?
– Oui, mais tout de
même, je trouve que c'est dépasser les bornes que de vous découper le crâne à
la scie et de vous aspirer le cerveau !
L'homme-mouton eut
l'air embarrassé.
– Pour tout dire, je crois que tu es né sous une mauvaise étoile. Ici-bas, ce sont des choses qui arrivent.» (pp. 31-32)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire